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le Luthic

Le LUTHIC est un instrument de musique visuel


La vue et l’écoute sont sollicitées. C’est un instrument d’improvisation et de composition. Il se présente comme un tube que l’on pose sur une table et duquel se déroule une toile blanche. C’est un écran enroulable et tactile, comme celui de la Nanopage. Au contact des doigts, l’instrument sonne et la toile se peint. Le geste est sensible, direct, sans clavier ni souris, tactile. La page défile comme un chemin devant soi, on en règle la vitesse. A gauche, le son est grave, à droite aigu, comme un piano. Poser longtemps un doigt ou taper vif, toucher fort ou doucement. Le son est nuancé, la couleur vive ou transparente. Effleurements, traits d’humeur et d’union. La trace sur la page défile, s’enregistre. Mémoire sonore et visuelle. Écouter, modifier, transposer, composer, des couleurs et des sons, des formes de l’espace et du temps.

Le jeu est une musique visuelle.

L’idée de cet instrument synesthésique est ancienne. En 1740, Louis Bertrand CASTEL proposa dans son Traité sur l’Optique des couleurs, la première table de concordances entre l’échelle tempérée et le spectre chromatique. Son raisonnement, simple, se fonde sur le parallélisme qu’il voit entre deux triades, celle des « couleurs primitives » (jaune, rouge, bleu) et celle des « sons primitifs » de l’accord parfait (ut-mi-sol). Le Père Castel avait construit un appareil singulier, appelé Clavecin chromatique, qui, en même temps qu’il émettait des sons, faisait surgir devant les yeux des couleurs. A chaque touche correspondait une couleur, et grâce à un jeu de miroirs et de bougies, lorsqu’on appuyait sur plusieurs touches à la fois, les couleurs se combinaient comme les sons.

spectre de la lumière
Tableau des correspondances

Pour accorder la lumière et la musique, j’ai cherché leur commune mesure, et calculé leur comodulation.
• Dans la gamme musicale, le calcul de la comodulation entre les notes s’obtient en divisant la longueur d’onde d’une note par celle de la note qui la précède, comme dans la suite de Fibonacci. La comodulation de la gamme musicale est de 1,12, sauf entre Mi/Fa et Si/Do à 1,06.
• Dans le spectre de lumière, les longueurs d’onde des couleurs sont comodulaires dans un rapport moyen de 1,11.
• Les nuances de la lumière et de la musique sont de proche comodulation.

La comodulation précise entre les notes et la couleur s’opère de la façon suivante, sur la base du La à 440hz. Dans le tableau des correspondances, la gamme monte du Do vers le Si, depuis la longueur d’onde la plus ample vers la plus brève. De même, le spectre de lumière est placé en pied de colonne, de la longueur d’onde la plus longue vers la plus courte, du Rouge jusqu’au Violet.
Pour la lumière, le Jaune à 575 nm de longueur d’onde est le standard optique et physique. Les nuances du Jaune sont en face du Mi. Sur la base du Jaune à 575 nm, on calcule la couleur des autres notes en appliquant la comodulation des longueurs d’onde de la musique. Par exemple 575nm / 1,06 = 543nm, cette longueur d’onde se trouve dans la partie verte du spectre face au Fa. Le Sol à 484nm est bleu-cyan. Le La est bleu-indigo. Le Si magenta. Le Do rouge-écarlate et le Ré orange. Ainsi, les notes et les couleurs sont accordées.

La correspondance établie par Newton est différente. Le Jaune est placé en La et non en Mi. La correspondance de Newton n’est pas établie sur la longueur d’onde des couleurs dont la mesure en nanomètre est ultérieure à cette époque.

Dans Trois rêves d’oiseaux du compositeur François Bayle, les couleurs ont plusieurs rôles. Dans L’oiseau moqueur, les couleurs correspondent aux sources sonores : le vert foncé pour les sons d’oiseau, le rose pour la voix, le bleu pour le hautbois, l’orange pour le cor, le vert clair pour les sons d’instruments à cordes, le jaune pour la sonnette et le gris, le noir, le marron pour ces sons divers. L’oiseau triste utilise lui un codage multiple : le vert pour les glissandi montant et pour les sons d’oiseau graves, le rouge pour les glissandi descendant, le jaune pour les oiseaux aigus, le rose pour les voix, l’orange pour les impacts, le bleu pour les sons tenus et le marron foncé et le gris pour divers autres sons. Dans L’oiseau zen, les couleurs ont été choisies au fur et à mesure de l’apparition des sons. Chaque nouveau son amène une nouvelle couleur. Les différences de hauteur sur un même son correspondent à des nuances différentes.

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